« Il y a qu’il n’y aura jamais
De
Point final
À la ligne »
Bonjour toutes et tous,
c’est avec une infinie tristesse que j’ai appris le décès de Joseph Ponthus le mercredi 24 février d’un cancer qui l’a fauché en à peine quelques mois.
Depuis ce funeste mercredi, les hommages pleuvent de toute part : de ses consœurs et confrères, des journalistes, des libraires et surtout de ses lectrices et lecteurs.
S’il n’a écrit qu’un roman* « À la ligne : feuillets d’usine » aux éditions La Table ronde (présenté ici), par ses mots et par sa personnalité, Joseph a conquis celles et ceux qui l’ont croisé, même une seule fois.
Pour moi, Joseph,
c’est son roman, dévoré juste avant sa sortie tout début janvier 2019 ;
c’est son engagement dans ce texte qui restera comme un livre majeur du début de ce siècle et qui aura rencontré un succès public et un succès critique ;
c’est ce message envoyé pour lui dire et l’inviter à venir à L’Escapade ;
c’est cet appel téléphonique quelques jours après depuis sa Bretagne pour discuter avec le petit libraire d’Oloron qui aimait tant son roman et qui en parlait beaucoup à ses client.e.s et sur les réseaux ;
c’est la découverte de nos racines communes champenoises, et de ce bar populaire rémois, fréquenté à quelques années d’intervalles au gré de nos études ;
c’est la librairie bondée en mai 2019 pour sa venue, son étonnement devant l’engouement suscité par son roman, et la belle soirée qui a suivi ;
c’est sa rare humanité, toujours attentif à chacune et à chacun dans ses rencontres ;
c’est ce mélange de culture savante et de culture populaire qui faisait de lui un être pas banal ;
c’est la régularité des messages que nous nous envoyions pour prendre des nouvelles ;
c’est sa visite privée il y a un an lors de vacances dans le Sud-Ouest et ce repas familial partagé avec Krystel, son épouse, et leur fidèle Pok-Pok ;
c’est la mise en musique (rock) de son roman par Michel Cloup, Pascal Bouaziz et Julien Rufié ;
c’est aussi l’apéro qu’on ne fera pas chez lui lors de mon prochain passage dans le Morbihan ;
ce sont les messages que vous envoyez à la librairie pour dire combien vous avez aimé son roman « bouleversant, essentiel, poétique, incroyable » et la soirée avec lui, combien il était « drôle, talentueux, sensible, attachant, digne, émouvant, fraternel, étonnant« , combien vous êtes tristes, que vous l’ayez rencontré ou pas.
Ce mercredi 24 février 2021, je crois que c’est Nicolas Mathieu qui a le mieux décrit Joseph :
« A la vérité, le monde littéraire n’est pas si sympathique.
Tant d’ego, de rivalités, d’angoisses et de batailles, de blessures narcissiques, de coups de patte et de faux baisers. Je ne m’exclue pas de la bande et je ne ferai pas de Joseph le saint de vitrail qu’il n’était pas.
Mais tout de même.
Ce mec était la générosité même. Une grande candeur illuminait tout chez lui, jusqu’à son érudition qui semblait prise dans un rayonnement enfantin. Je l’ai vu quelque fois. Nous nous sommes écrit aussi.
Nous avions exactement le même âge et puisque sa disparition convoque notre génération devant le miroir, il faut bien le dire : Joseph avait une grâce qui fait défaut à presque tous, une gentillesse qui dans cette cour d’école des brillants sujets semblait presque incongrue, une douceur, un rire, une facilité à se faire aimer qui rendent sa mort deux fois plus cruelle.
Et puis son livre unique, qui fait justice à quelques vies, dont la sienne, vies d’ouvriers, vies de besogne au petit jour qui blesse les mains et brise le dos, parmi la viande des bêtes et le froid de l’eau courante. Ce livre nous restera. Je t’embrasse Joseph. A bientôt.«
Krystel a perdu son époux,
sa maman a perdu son fils unique :
avant tout, je pense à elles.
Un camarade, un ami s’en est allé … mais son roman, ses mots et ces moments de vie partagés resteront
Adishatz, Kenavo Joseph
Cédric
* dans son ancienne vie d’éducateur spécialisé, Joseph avait également accompagné quatre jeunes de banlieue qui avaient raconté leur quotidien dans « Nous … la cité » chez Zones
Je vous invite à lire également les hommages de son ami Éric Poindron et de « son » quotidien régional Ouest-France
Crédit photos de Joseph Ponthus : Emmanuel Beau et François Manière
PS : parce que les lignes de production ne se sont pas arrêtées et la chaîne du livre non plus, vous trouverez également comme chaque semaine ci-dessous dix photos d’ouvrages reçus ces derniers jours.

















Bonsoir Cédric, C’est aussi avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Joseph Ponthus en écoutant France Inter Je repense bien sûr à cette soirée chaleureuse, celle de la rencontre organisée à l’Escapade. A sa gentillesse et à son très beau livre qui a touché des lecteurs si divers. Merci de lui rendre ainsi hommage, Amicalement, Nicole Hoyiez
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Oh la la, mais quelle mauvaise nouvelle que tu nous, enfin, m’annonces là Cédric (à croire que je n’écoute pas assez la radio). Moi aussi je garde un excellent souvenir de cette soirée à l’Escapade en votre compagnie. Tristesse.
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