Bonjour à toutes et à tous,
voici donc la première lettre d’infos de la librairie pour 2021.
Je ne reviens pas trop longuement sur cette année 2020 éprouvante mais je veux néanmoins retenir deux points positifs qui donnent confiance pour les années à venir :
1/ malgré le confinement total printanier puis un confinement partiel en novembre, malgré les incertitudes sanitaires, sociales et économiques, vous avez été nombreuses et nombreux à soutenir fortement l’Escapade, et plus globalement les librairies indépendantes.
Si les librairies indépendantes restent des commerces fragiles structurellement, votre engouement nous a réellement ébahi, réjoui, enthousiasmé, rassuré …
Je compte sur vous pour apporter le même soutien aux autres entreprises et associations culturelles quand elles pourront reprendre leurs activités : les spectacles, concerts et autres films nous manquent vraiment (tout comme les restaurants et autres bars et cafés).
2/ au-delà des librairies, il semble que les commerces, artisans et producteurs locaux qui ont pu rester ouverts aient eux aussi bénéficié d’un regain d’intérêt de la part des consommateurs.
Espérons que cette crise permette une prise de conscience globale sur l’importance des acteurs économiques de proximité et que la dynamique territoriale se joue avant tout avec eux, et pas avec les multinationales apatrides, quand bien même elles voudraient s’implanter localement.
Si certains acteurs économiques se sont adaptés aux nouvelles pratiques induites par le contexte, nous avons vu également éclore de nouvelles solidarités locales citoyennes.
C’est d’ici, du Haut-Béarn, de nos territoires de vie respectifs que nous réorienterons l’économie locale vers plus de proximité, vers moins de concentration entre les mains de quelques-un.e.s, vers plus de protection de notre environnement naturel, vers plus d’échanges, de plaisirs et de partages.
Revenons-en au cœur de métier d’un libraire : la littérature !
Dans la dernière lettre d’infos, je vous présentais mes douze « chouchous » de l’année. J’en viens maintenant à vous dévoiler les 10 meilleures ventes de l’année 2020 à L’Escapade.
Ce qui différencie, entre autres, une librairie indépendante d’une grosse structure, c’est son top 10 des ventes, souvent loin des classements nationaux et médiatiques.
Si les numéros 2 et 6 de 2020 doivent beaucoup à leur actualité médiatique, tous les autres titres reflètent bien mes choix, les vôtres et l’enracinement local de la librairie.
1/ Sans surprise « Le foulard rouge » de Patrick Fort arrive largement en tête. La proximité du Camp de Gurs y est évidemment pour beaucoup, tout comme la belle histoire entre Giovanni et Maylis admirablement contée par Patrick Fort.
Patrick aurait dû être à Oloron en mai pour le Salon du livre puis en novembre pour une rencontre … la Covid-19 nous a empêché, ce n’est que partie remise pour 2021 (avec l’aide de l’association « livres sans frontière »).
2/ « L’anomalie » de Hervé Le Tellier, Prix Goncourt 2020 : et ce, malgré le peu d’empressement qu’a mis le distributeur des éditions Gallimard pour livrer les petites structures comme la mienne en décembre.
3/ Si « Nature humaine » de Serge Joncour a reçu le Prix Fémina en novembre, je l’avais repéré en août dès sa sortie, peut-être à cause de mon histoire familiale. Je crois que Serge Joncour est un des auteurs français qui sait le mieux écrire, avec pudeur et modestie, sur les rapports humains dans les milieux ruraux et paysans.
4/ L’ancrage béarnais et aspois du nouveau roman noir « Entre Fauves » de Colin Niel n’est pas étranger à cette quatrième place. Un roman qui peut faire vaciller quelques certitudes pour qui aurait des idées très arrêtées.
5/ On change de vallée pour se plonger dans les années 60 à Arette avec « Rue Paillassère », le récit autobiographique de Janette Ananos; Janette qui aurait dû venir également à la librairie en novembre pour dédicacer son récit. Nous la retrouverons, j’espère, sur le salon du livre d’Oloron en mai 2021.
6/ le tome 5 de « L’Arabe du futur » de Riad Sattouf a très bien fonctionné à l’Escapade, tout comme les autres tomes de la série. De quoi me donner envie de renforcer le rayon bandes dessinées en 2021.
7/ la belle surprise de l’année avec cette septième place pour un roman paru en 2013 chez Phébus, ici présenté dans sa version poche paru en 2014 chez Libretto « Rêve général » de Nathalie Peyrebonne.
Lu fin mars en plein confinement, je vous en ai parlé tout le reste de l’année et vous avez aimé également cette « journée différente, libératrice et libertaire, où chacun se prend à rêver d’autre chose qu’une petite vie mesquine pas vraiment choisie, de faire un pas de côté.
Subitement, « sans agressivité ni revendication, la France s’arrête progressivement et se met à rêver d’une vie différente, où tout ne tournerait pas autour des mots martelés quotidiennement de « travail » et « d’efficacité ».
8/ Comme presque tous les ans, Gilles Vincent place son dernier roman dans les meilleurs ventes de l’Escapade. Cette année, il aura été le seul auteur à pouvoir venir à la librairie, tout début mars, pour son très bon « les Poupées de Nijar ». Je crois que Gilles a plusieurs sorties prévues en 2021 : pourra-t-il en placer plusieurs dans ce classement ?
9/ Mon premier coup de cœur de janvier 2020 qui nous aura accompagné toute l’année : il faut dire que nous avons eu besoin de rire cette année : « Le répondeur » de Luc Blanvillain était le roman conseillé pour cela.
10/ Corinne Morel-Darleux était numéro 2 dans le classement 2019, elle est encore numéro 10 dans le classement 2020. Si Corinne ne doit pas être une grande adepte des classements, je la sais ravie que son essai politico-littéraire « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce » continue à vivre sa vie de main en main, de rencontre en rencontre.
Voilà une belle année passée, malgré tout, où j’aurai eu plaisir à défendre des livres, des autrices, des auteurs et des maisons d’éditions, à échanger avec vous.
Je n’ose vous présenter mes meilleurs vœux pour 2021, mais je nous souhaite de pouvoir à nouveau participer à de belles rencontres à la librairie, de pouvoir échanger nos coups de cœur littéraires, de pouvoir retourner dans les cinémas et salles de spectacles, restaurants et cafés, pour confronter nos idées, nos envies et nos réflexions ailleurs que sur les réseaux sociaux, dans la vraie vie.
Rendez-vous la semaine prochaine pour des lettres hebdomadaires qui reprendront leur format habituel (dix nouveautés reçues en dix photos) et quelques conseils de lecture.
Merci encore à chacune et à chacun pour cette folle année.
Cédric
PS :
dans la longue liste des remerciements, je n’oublie pas
* les bénévoles et salarié.e.s de l’association « Librairies indépendantes en Nouvelle-Aquitaine » et du « Syndicat de la Librairie Française » qui nous ont si bien accompagné durant cette année particulière ;
* les représentant.e.s des maisons d’éditions et de distribution qui ont eu à défendre également leurs autrices et auteurs dans des conditions compliquées.











